Le plaidoyer est une approche plus développée dans le monde anglo-saxon et les termes anglais s’imposent souvent dans le vocabulaire, mais parfois avec certaines nuances par rapport au français notamment dans la pratique. Le plaidoyer (advocacy) dont le lobbying est une des actions sont communément acceptés et pratiqués depuis longtemps. Néanmoins depuis quelques années, le plaidoyer est un terme de plus en plus utilisé en France au sein du monde associatif. Pourquoi ? Quel intérêt pour les associations à s'être emparées de ce terme ?
C’est la finalité du plaidoyer qui fait sa spécificité : influencer l’élaboration, la révision ou la mise en œuvre d’une loi, d’une politique, d’une stratégie, d’un plan d’action, d’un décret ou d’un programme. Il se distingue en cela de la sensibilisation du public ou des décideurs, même si la sensibilisation peut être une étape nécessaire lorsque le sujet est complexe ou qu’il prête à controverse.
Le plaidoyer va donc utiliser la communication et le lobbying comme des modes d’action pour influencer les décideurs, au même titre que la production d’expertise ou la mobilisation du public. Si un plaidoyeur doit par exemple avoir les qualités d’un bon communicant afin d’adapter et de transmettre au mieux son message, ce qui fait d’un communiqué de presse un outil de plaidoyer, c’est l’objectif qui lui est assigné : faire pression sur un décideur à un moment donné d’un processus de décision. Le savoir-faire du plaidoyeur repose donc dans sa capacité à utiliser l’un ou l’autre de ces modes d’action pour atteindre son but. Autrement dit, il devra déterminer si à un moment donné du processus, il est préférable d’interpeller les décideurs à travers les médias ou de solliciter un rendez-vous, s’il faut organiser une manifestation publique ou faire des propositions concrètes sur un texte en négociation.
Ces compétences ne sont pas innées et demandent donc un apprentissage. Pour qu'un plaidoyer soit efficace, il est nécessaire pour l'associations que elle connaisse les rouages du mon politique et législatif.
En tant que chargée de plaidoyer dans une association et ayant reçue une formation pour atteindre ce poste, je perçois maintenant l'importance d'avoir un mélange de connaissances très théoriques et très pratiques pour exercer ce métier. Sur la théorie, j'ai besoin de connaitre le fonctionnement des institutions, les étapes de la construction d'une loi et surtout de sa modification, les agendas des collectivités, des parlementaires ou encore de l'état. Egalement, tous les aspects de rédaction de proposition de loi ou d'amendements car j'ai appris, en pratique que les parlementaires n'ont pas le temps et qu'ils ont besoin d'éléments clés en main. Dans la pratique, il est également important de comprendre qui sont les interlocuteurs influents sur mon sujet, comment mobiliser le soutien des médias et de l'opinion publique, de comment on sollicite un rendez-vous avec un décideur... Tous ces aspects, je les majoritairement appris en formation mais également au quotidien dans ma pratique et dans mes erreurs. Il existe aussi de nombreuses ressources gratuites pour se former et des formations courtes et longues payantes.
Pour les associations, le manque de temps et de ressources humaines dédiées revient souvent. D'autant plus que les postes en plaidoyer ne sont pas financer par les pouvoirs publics, subventions ou appels à projets, car les institutionnels considèrent que ce n'est pas leur rôle de financer de potentiels acteurs qui pourraient être contradictoires ou remettent en cause certains de leurs actions. Néanmoins pour moi, le plaidoyer est le nerf de la guerre de notre action associative. En pratiquant le plaidoyer, nous travaillons sur la cause à cause de laquelle nous existons. Par exemple, mon association travaille à la protection de l'environnement, si je me contente de travailler sur les conséquences du changement climatique les choses ne vont pas s'améliorer. Il est donc également important que je fasse du plaidoyer pour changer les causes de ce changement climatique.